Quatre leçons de courage données par Socrate
L’importance de Socrate (470-399 av. J.-C.) dans l’histoire de la philosophie est telle que tous les auteurs qui lui sont antérieurs sont groupés sous la catégorie « philosophes présocratiques ». Bien que Pythagore ait inventé le mot philosophie et que Thalès soit présenté comme le premier philosophe, celui qu’on reconnait effectivement comme le père de la philosophie est Socrate car il a fait changer le centre d’intérêt de la philosophie en le déplaçant de la nature vers l’homme. Comme il n’a laissé aucun écrit, nous nous appuyons sur les écrits d’autres auteurs pour connaitre les idées maîtresses de sa philosophie. Ses deux principaux biographes (ceux qui ont écrit sur sa vie) sont le biographe militaire Xénophon et le disciple de Socrate, Platon. Mais les peintures que dressent ces deux auteurs sont si divergentes qu’il est parfois difficile de distinguer la réalité de l’admiration. Il demeure cependant que les deux sont d’accord sur un fait : Socrate ne craignait point de penser différemment des autres et de questionner toutes les idées admises afin d’en connaitre les fondements. Dans cette optique, il a manifesté, à plusieurs reprises, des actes de courage qu’il est important de connaitre pour le débutant en philosophie.
1.
Socrate
avait le courage de penser par lui-même, non par suivisme
La première trace de Socrate dans
l’histoire de la philosophie occidentale est un acte de courage. Il avait 38
ans quand la guerre qui opposait Athènes à Spartes débuta et il est dit qu’à
son retour à Athènes, il obtint un siège à l’assemblée (une sorte de tribunal).
Alors qu’un groupe de généraux devait être jugé pour avoir abandonné des corps
de soldats décédés pendant la guerre, Socrate fut le seul dans l’assemblée à
voter pour que les généraux en question soient jugés individuellement. Mais
comme il était minoritaire, les généraux furent condamnés à mort. A la fin de
la guerre en 404, les spartiates remplacèrent la démocratie (le gouvernement du
peuple) par l’oligarchie (le gouvernement de quelques privilégiés) d’un groupe
connu sous le nom des Trente Tyrans. Socrate fut ordonné de procéder à
l’arrestation d’un homme innocent mais manifesta un refus d’obéir.
2.
Socrate
avait le courage de reconnaitre les limites de son savoir
Contrairement aux sophistes,
Socrate ne se présentait jamais comme maître de quelque sujet que ce soit. Au
contraire, il passait le clair de son temps à questionner les autres, afin
d’évaluer la solidité de leurs connaissances. Et son questionnement était sincère
car il n’avait pas pour objectif de leur montrer qu’il leur est supérieur mais
seulement de connaitre mieux. Cette attitude a valu à Socrate, suivant les mots
même de l’oracle de Delphes, le titre de « homme le plus sage de la
cité ». Ceci veut seulement dire qu’il est plus sage de reconnaitre les
limites du savoir humain et de chercher à connaitre d’avantage que de se vanter
de son savoir et ne rien apprendre de nouveau.
3.
Socrate
avait le courage de contrer les arguments
Cette leçon tient de la réponse de
Socrate à l’accusation suivant laquelle il corrompt la jeunesse. Socrate répond
à la charge par une question : un homme préfèrerait-il vivre au milieu
d’hommes bons ou plutôt au milieu d’hommes méchants. Mélétos (l’un des accusateurs)
répond instinctivement que l’homme ainsi considéré préférerait vivre au milieu
d’hommes bons. Socrate va de cette réponse pour formuler l’objection selon
laquelle il ne peut volontairement corrompre la jeunesse sans travailler à sa
propre destruction car il ne survivrait pas lui-même dans une cité d’hommes
méchants. En guise de conclusion, s’il corrompt effectivement les jeunes, alors
il ne le fait pas volontairement et ne peut donc être puni. C’est le sens de la
formule suivant laquelle nul ne fait du mal volontairement.
4.
Socrate
avait le courage d’assumer les conséquences de sa ténacité
Le philosophe préfère la vérité à
la manœuvre rhétorique (la manipulation des consciences par la manipulation des
mots), quoi qu’il lui en coute. Cette leçon nous est donnée par Socrate à la
fin de son procès. Socrate affirme en effet qu’il aurait pu construire une
stratégie de défense qui aurait réussi à le disculper. Seulement, pour
construire une telle stratégie, il aurait dû s’éloigner de la vérité et
présenter les choses autrement que comme elles sont en réalité (Socrate montre
ici son rejet de la stratégie des sophistes qui en fonction de l’enjeu placent
la vérité dans un camp ou dans un autre). Le philosophe n’est donc guidé que
par la recherche de la vérité et rien d’autre, peu importe les conséquences qui
peuvent s’en suivre. Nous voyons en effet plusieurs personnes changer leur
point de vue, non pas parce qu’ils sont convaincus d’avoir tort, mais
simplement parce qu’ils sont sous la pressions soit des amis, des parents, de
la société ou toute autre entité ou parce qu’ils ont peur de ce qui pourrait
leur arriver s’ils maintiennent leur position.
Commentaires
Enregistrer un commentaire