Plusieurs personnes cherchent à
acquérir une sorte de perfection, fut elle en ne se trompant jamais ou en
devenant immortelles. Ce qu’elles ne savent pas, c’est que ces perfections sont
inaccessibles pour la simple raison que les Hommes sont logiquement et
ontologiquement limités. Tous les Hommes sont en effet caractérisés par une
finitude logique et une finitude ontologique.
Pour comprendre ces deux expressions,
il est important d’analyser distinctement les trois concepts qui les
composent : finitude, logique, ontologique.
Finitude :
par finitude, on entend le caractère de ce qui est fini ou limité.
Logique :
par logique on entend la science du raisonnement correcte (on dit aussi
valide). Dans ce cas précis, il s’agit de la capacité de raisonner en général.
Ontologique :
vient de ontologie, la science de l’être en général (quel que soit le type
d’être, pas seulement l’homme) ou la science de l’être en tant que être.
Ontologique veut donc dire, ce qui a rapport à l’ontologie, à l’être.
De là, la finitude logique désigne une
limitation dans la capacité de raisonner, et la finitude ontologique désigne
une limitation dans l’être, une imperfection.
Les hommes sont logiquement limités car
ils peuvent tous se tromper. Ceci est dû à au moins deux facteurs, le défaut de
perception et l’éducation. Nous ne percevons en effet que peu de choses dans la
mesure où nos sens sont affectés de manière disproportionnée. Par exemple, il
est courant que lorsque nous sommes exposés à plusieurs sensations, un bruit et
une odeur par exemple, nous privilégions la sensation la plus forte. Ceci crée
un décalage de perception qui peut amener à négliger certains détails dans
notre raisonnement. En outre, notre éducation peut nous amener à présenter une
chose sous un certain angle alors même qu’il ne s’agit là que d’une
présentation très réductrice de la chose. Supposons que vous développez un
argument sur l’existence de Dieu en prenant pour postulat que son existence est
admise par tous les croyants, parce que vous avez été éduqué comme tel. Un tel
argument sera-t-il convaincant pour quelqu’un qui n’a pas été éduqué en tant
que croyant? Il est clair que l’éducation du croyant dans ce cas précis
l’empêche de prévoir le(s) contre-argument (s) (un contre argument est un
argument opposé à un autre argument dans le cadre d’un débat) du non-croyant.
Pour ce qui est de la finitude
ontologique, les hommes sont ontologiquement limités car ils ne sont pas les
auteurs de leur propre création. Si l’on analyse la création d’un point de vue
causal (en recherchant la cause), il est clair que la création suppose un
créateur et une créature. Et dans ce couple créateur/créature, la créature est
limitée pour la simple raison qu’elle est dérivée de son créateur (on dit aussi
qu’elle est seconde). Or il est également clair que le second est toujours doté
de moins de qualités que le premier, autrement une telle classification
ordinale (du point de vue de l’ordre) n’aurait aucun sens. Si l’homme occupe la
place de créature dans le couple créateur/créature, c’est qu’il est doté de
moins de qualités que son créateur; il est donc limité en ceci qu’il ne possède
pas certaines qualités. Les marques les plus évidentes de cette finitude
ontologique sont le début de la vie humaine et sa fin. Le début d’une vie
signifie en effet une succession temporelle (dans le temps) à d’autres vies,
nous venons après nos parents et la fin de la vie signifie notre incapacité à
maintenir notre vie dans un être perpétuel.
En guise de conclusion, l’idée d’un
homme parfait n’a pas de contenu car les hommes parfaits n’existent pas. Tous les
Hommes peuvent se tromper et aucun homme ne s’est créé lui-même. Ceci devrait
cultiver en nous deux vertus : la tolérance, car nous avons tous nos
imperfections et l’humilité, car il est toujours possible que nous nous
trompions.
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